Avant Karl Marx et le succès malheureux de ces doctrines, rares étaient les penseurs à avoir sonné l’alarme contre les dangers du socialisme.
L’abbé Jaime Balmes (1810-1849) fut de ces rares visionnaires à avoir alerté sur les risques encourus par les sociétés, en un temps où le socialisme actif se résumait presque uniquement aux courants d’Owen. Balmes y devinait un possible, et terrible, châtiment pour des peuples par trop ingrats.
L’auteur analyse cependant bien plus largement le socialisme, et même l’Utopie de Thomas More, le faisant reposer en dernière analyse sur l’horizontalité et le désir de jouir sur cette terre, par exclusion de l’au-delà.
« Le socialisme, ou bien cette école de philosophie qui se propose de détruire l’ordre social actuellement existant, pour le reconstruire sur des bases nouvelles et d’après un autre plan, est un objet digne de fixer l’attention de tous les hommes qui pensent, qui ont quelque amour pour l’humanité. On se tromperait étrangement en effet si l’on regardait ces novateurs comme les misérables jouets d’un fanatisme aveugle, qui, jetés en dehors de toutes les voies par un orgueil insensé, ne laissent après eux aucune trace de leur passage. Il est certain qu’on n’a réalisé nulle part, qu’il est même impossible de réaliser leurs systèmes, qu’ils se sont renfermés jusqu’à ce jour et que probablement ils se renfermeront encore pour longtemps dans la sphère de la spéculation et de la théorie ; mais la semence qu’ils jettent à tous les vents de l’opinion tombe au hasard sur une terre qui la reçoit avec avidité et qui peut la féconder, il faut savoir le reconnaître, le jour où la Providence aura résolu de déchaîner sur le monde des bouleversements jusqu’alors inconnus » (abbé Jaime Balmes).