En France, on connaît plutôt l’académicien Louis Bertrand pour son versant nord-africain – et plus exactement algérianiste. Pourtant, cet écrivain de renom s’est aussi amouraché de la péninsule Ibérique et de sa civilisation si haute – et altière.
Il n’est donc point étonnant que cette plume de l’Académie française ait signé une Histoire d’Espagne qui compte parmi les meilleures – et les mieux pensantes – du genre.
« Mais, plus que toutes ces magnificences extérieures, ce qu’il faut retenir, c’est l’empreinte morale donnée à tout un continent par le génie espagnol. Non seulement dans ces villes américaines, on respire un air de Castille et d’Andalousie, on en retrouve la couleur et l’atmosphère, mais on constate, d’un bout à l’autre, aussi bien chez les indigènes et les métis que chez les colons de pure race ibérique, une unité spirituelle qui apparente entre eux tous ces peuples séparés par des milliers de lieues et soumis aux climats les plus opposés, qui enfin les rapproche de leurs ancêtres ou de leurs maîtres espagnols ou portugais de la première heure. Avec tous leurs défauts qui sont grands, ils représentent une nouvelle forme de la latinité, c’est-à-dire de la civilisation occidentale dans ce qu’elle a de plus élevé. En face de la poussée anglo-saxonne, du machinisme et du collectivisme du Nord, ils représentent la résistance de l’individu et la libre activité de l’homme. »