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De la Monarchie et de la République

L’abbé Eugène Roquette – également auteur d’un excellent ouvrage sur La Famille telle que Dieu l’a faite, et dont nous avons publié plusieurs textes sur l’éducation dans l’opuscule L’école à la maison, une institution divine – a fait paraître en 1875 un très convaincant essai intitulé De la Monarchie et de la République.

À ce moment, la France est dans l’instabilité, peu de temps après la chute du Second Empire de Napoléon III, la guerre franco-prussienne et le sanglant épisode de la Commune de Paris. La Troisième République se dessine progressivement, contre l’intérêt et les vœux des Français. On espère volontiers que le roi Henri V ne sera plus empêché d’exercer l’autorité qui lui revient.

Eugène Roquette est cependant loin de s’arrêter à des considérations journalistiques d’un moment. Bien au contraire, il signe un essai de philosophie politique chrétienne rappelant l’origine divine du pouvoir (ce que ferait six ans plus tard le pape Léon XIII dans son encyclique Diuturnum illud de 1881 sur le même sujet) et la pensée traditionnelle de l’Église en la matière.

Réaffirmant l’origine naturelle, paternelle et patriarcale des rois, ceux-ci étant originellement les auteurs de leurs peuples, l’abbé Roquette fait de la monarchie la forme de gouvernement spécialement voulue de Dieu, toutes les autres formes n’ayant de valeur que par rapport à ce modèle.

L’auteur réfute toutes les thèses inférant au pouvoir civil une origine contractuelle, que ce soit dans un contrat social pur et dur ou dans un pacte plus diffus.

« Ce n’est donc pas assez de dire comme on le fait communément, même parmi les hommes les plus monarchiques, que le gouvernement monarchique est préférable à tous les autres, au gouvernement aristocratique, démocratique, et même mixte, il faut dire absolument que le gouvernement monarchique est le gouvernement propre des États, leur gouvernement naturel, et en quelque sorte nécessaire, de même que le gouvernement paternel est le gouvernement propre, naturel, et aussi en quelque sorte nécessaire de la famille. Il faut dire encore qu’en dehors du gouvernement monarchique tous les autres gouvernements n’ont de valeur qu’en ce qu’ils remplacent du mieux qu’ils peuvent ce gouvernement absent, et que l’ordre de leur mérite respectif est précisément l’ordre de leur ressemblance avec le gouvernement monarchique. Celui d’entre eux qui s’en rapproche le plus est aussi le plus parfait, ou plutôt le moins imparfait, le gouvernement monarchique, pur et simple, étant toujours le seul gouvernement vrai, naturel, parfait. »

« […] Il est donc permis d’être républicain au sein d’une république qu’on n’a pas faite, qu’on ne peut pas changer ; mais ce qui n’est pas permis, même à la république, c’est de glorifier le régime républicain, de célébrer son avènement, d’exalter ses fondateurs, d’appeler la république le règne de la liberté, et la monarchie celui de la servitude. Voilà ce qui est interdit, parce que c’est participer au crime de ceux qui ont fondé la république. Qu’on subisse le mal en silence, avec résignation, mais qu’on ne le glorifie pas. »

« Si ce sont les peuples qui se sont faits eux-mêmes, ces peuples s’appartiennent, ils sont souverains, l’État est leur chose, leur bien, leur propriété, et par origine, par nature, par essence, à jamais par conséquent, car les essences des choses ne changent pas, le peuple est souverain et l’État républicain, le peuple su fût-il même donné des rois, car ce qu’on se donne est bien à soi, ce qu’on fait est bien son œuvre, et on en dispose comme on l’entend ; seulement, dans ce dernier cas, cette démocratie sera royale, au lieu d’être bourgeoise ou populaire.
» Mais si ce sont les rois, au contraire, qui ont fait les peuples, non en figure, non par métaphore, mais à la lettre, physiquement, comme le père a fait sa famille, ou la mère-abeille son peuple, si la nation est une ruche, une famille, non un troupeau formé par attroupement, rassemblement, alors, par origine, par nature, par essence, à jamais par conséquent, l’État monarchique, même sous le régime du conseil de famille, puisque c’est à la place du père, avec le pouvoir du père que ce conseil gouverne la famille, non avec le pouvoir des enfants.

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