À l’heure où l’innommable se consomme peu à peu partout en Europe avec la si mal nommée « euthanasie » et à l’approche de la Semaine sainte, pourquoi ne pas retremper son âme chrétien et son esprit de patience dans la lecture de La Douleur, ce chef-d’œuvre du philosophe contre-révolutionnaire Antoine Blanc de Saint-Bonnet ?
Ce livre fut largement salué en son temps, et plusieurs fois réédité. Léon Bloy et Barbey d’Aurevilly l’ont loué, et il aurait inspiré le poëte Charles Baudelaire.
Léon Bloy parlait de l’auteur de cet ouvrage comme d’« une des majestés intellectuelles de ce siècle ». Et Barbey d’Aurevilly le qualifiait de « plus grand métaphysicien catholique qui soit en Europe ».
« Les réflexions que renferme ce livre voudraient s’offrir, non pas aux saints, qui ont Dieu tout près de leur cœur, mais aux âmes moins favorisées qui le cherchent encore, ou qui, par moments, croient le voir disparaître derrière les infortunes et les afflictions de la vie. Les cœurs que la Foi emporte sur ses ailes n’ont besoin d’aucun autre secours ; mais ceux qui ne sont soutenus que par leur propre vol, à tout instant se heurtent à une voûte obscure, et de là tombent dans la nuit. […]
« Du haut des clartés supérieures, les saints ont révélé le côté divin de la douleur. Il est peut-être utile aujourd’hui de la justifier, d’en montrer tous les avantages à notre esprit, présentement moins noble et plus attaché à lui-même. […]
« Les causes d’affliction se multiplient de nos jours, pendant que les organes débilités et les cœurs, sans doute plus faibles, nous trouvent moins disposés à prendre un parti héroïque. En général, les âmes avaient autrefois plus de force ; et quant à celles qu’enivrait l’impression du beau, on ne les voyait point s’évaporer dans une vaine littérature ou dans de vains soupirs, comme le font à cette heure tant d’écrivains, d’artistes et de rêveurs. »
— Antoine Blanc de Saint-Bonnet, préface à la troisième édition.