La revue de l’Action familiale et scolaire publiait dans son numéro 284 de décembre 2022 une recension élogieuse de l’ouvrage de l’abbé Eugène Roquette que nous avons édité en raison de son actualité criante : L’école à la maison, une institution divine. Nous reproduisons ci-après le texte de cette chronique.
L’école à la maison, une institution divine
Abbé E. Roquette – Éd. du Drapeau Blanc (2022,62 p. 8,50 €)
Parce que les parents ont procréé, l’éducation des enfants leur est une obligation qui découle du seul fait qu’ils sont “les ministres exclusifs de Dieu”, que personne ne peut remplacer. « En fait d’instituteur, de précepteur, de maître, Dieu ne connaît que le père et la mère ; c’est eux qu’Il oblige, eux qu’Il rend responsables. »(p. 24) L’éducation n’est que la suite et la conséquence obligatoire de la procréation.
L’auteur, avec une expression aussi drue que l’est sa pensée, défend avec ardeur l’éducation domestique, toute naturelle et adaptée à l’enfant, quotidiennement au contact des réalités charnelles des siens, de son entourage, de ce qui lui est familier, de ses racines. Ces familles sont alors autant de « succursales d’Église » (p. 38), comme elles sont aussi nourricières de l’âme de la nation puisqu’elles en sont les fondations. C’est la meilleure éducation nationale qui puisse exister (p. 34).
Quelque peu provocateur, à l’attention des Jules d’autrefois et des Vincent, Rachida et Pap d’aujourd’hui, il souligne (p. 25) que Dieu…
… a voulu que cette école fût absolument gratuite (autre trait de grand seigneur), obligatoire, plus encore pour l’instituteur que pour l’enfant, et enfin (ce qui achèvera de confondre nos contemporains, grands inventeurs et fondateurs d’écoles), laïque. Mais ces deux instituteurs laïques valent des prêtres et mêmes des religieux, du moins dès qu’il s’agit de l’éducation de leurs enfants.
Il ne ménage pas ses critiques à l’égard de l’enseignement dispensé dans les collèges, assimilés à une caserne, un atelier, une prison, voire au bagne :
La surveillance comme au bagne, avec les mêmes dangers, voilà donc l’éducation moderne, l’éducation publique, celle de l’État. (p. 33)
Tout lecteur avisé aura saisi que c’est bien évidemment l’enseignement public et étatique qui excite la verve de notre abbé, les institutions d’Église, dont ses écoles, étant là pour soutenir la mission des parents (p. 38).
La famille, voilà donc l’école naturelle de l’enfant, l’école providentielle, divine, nécessaire, obligatoire, le moule où il doit recevoir l’empreinte et se former. Toute autre école est arbitraire, factice, artificielle. (p. 17)
Ses savoureux propos offrent une puissante méditation sur les devoirs des parents et plus particulièrement du père de famille ; ils sont un complément à l’étude schématique quelque peu austère parue dans le précédent numéro de la revue[1]. Tenus dans le dernier quart du XIXe siècle, ils ne manquent pas de sel, tant par le style et l’expression de l’auteur, la force de sa pensée que par leur actualité. De quoi se confirmer dans la conviction que…
… quand on a la famille et l’Église, ces deux écoles divines, qu’est-il besoin d’autres écoles ?
YT
[1] revue n° 283 – L’enfant, entre famille, Église, école, État