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L’Hiver de l’Église après le concile Vatican II : une histoire signée Cristina Siccardi

Les églises se vident, les couvents et monastères disparaissent les uns après les autres, les prêtres ne se recrutent plus ni ne se rendent visibles dans la société… La foi des rares fidèles semble trancher avec celle des siècles catholiques passés.

Qu’est-il arrivé ? C’est ce que l’auteur italienne Cristina Siccardi nous explique dans cet ouvrage faisant, un demi-siècle après l’événement, le bilan sans concessions du concile Vatican II.

« À qui irions-nous, Seigneur ? » (Jn 6, 67). Au concile Vatican II, peut-être… ? Un demi-siècle a passé depuis le concile le plus étudié de l’histoire, qui est aussi le moins clair de toute l’Histoire : quels en sont les fruits ? Comment, au cours de ces décennies, les figures de l’évêque, du prêtre, du moine, du religieux, de la sœur, de l’enfant de chœur, du catéchiste se sont-elles transformées ? Que proposaient les schémas préparatoires au concile pour qu’on ait décidé de ne pas en tenir compte ? Le pape François et Benoît XVI ont cosigné l’encyclique Lumen fidei pour l’année de la foi. Mais qu’est-ce qu’avoir la foi, et qu’est-ce que cela implique ? Cet ouvrage offre des réponses historiques et spirituelles à ces interrogations.

On compare souvent notre époque au IVe siècle, où saint Athanase prononça ses mots : « aujourd’hui, c’est l’Église tout entière qui souffre. Le sacerdoce est vilipendé de façon choquante et – pis encore ! – la sainte crainte de Dieu est raillée par une irréligiosité impie. […] La foi ne trouve pas son origine dans notre époque, mais elle nous est venue du Seigneur, par l’intermédiaire de ses disciples. Que l’on n’abandonne donc pas, de nos jours, cette Tradition, conservée dans les Églises depuis le début. Ne soyons pas infidèles à ce qui nous a été confié ! »

« À qui irions-nous, Seigneur ? » (Jn 6, 67). Au concile Vatican II, peut-être… ? Un demi-siècle a passé depuis le concile le plus étudié de l’histoire, qui est aussi le moins clair de toute l’Histoire : quels en sont les fruits ? Comment, au cours de ces décennies, les figures de l’évêque, du prêtre, du moine, du religieux, de la sœur, de l’enfant de chœur, du catéchiste se sont-elles transformées ? Que proposaient les schémas préparatoires au concile pour qu’on ait décidé de ne pas en tenir compte ? Le pape François et Benoît XVI ont cosigné l’encyclique Lumen fidei pour l’année de la foi. Mais qu’est-ce qu’avoir la foi, et qu’est-ce que cela implique ? Cet ouvrage offre des réponses historiques et spirituelles à ces interrogations.

On compare souvent notre époque au IVe siècle, où saint Athanase prononça ses mots : « aujourd’hui, c’est l’Église tout entière qui souffre. Le sacerdoce est vilipendé de façon choquante et – pis encore ! – la sainte crainte de Dieu est raillée par une irréligiosité impie. […] La foi ne trouve pas son origine dans notre époque, mais elle nous est venue du Seigneur, par l’intermédiaire de ses disciples. Que l’on n’abandonne donc pas, de nos jours, cette Tradition, conservée dans les Églises depuis le début. Ne soyons pas infidèles à ce qui nous a été confié ! »

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Parution de L’Infante, le magistral roman catalan de Louis Bertrand

Avec L’Infante, Louis Betrand atteint les sommets de l’art du roman historique. L’intrigue qu’il présente lui tient à cœur. Il s’inspire des faits véridiques d’une conjuration espagnole à Villefranche-de-Conflent au XVIIe siècle, se frayant un chemin entre les différentes versions conservées par les mémoires populaires au sujet de la jeune Ines de Llar et de sa famille…

Un roman puissant, où Louis Bertrand présente à ses lecteurs émerveillés une région dont il est tombé amoureux : la Catalogne française. C’est spécialement au Conflent qu’il donne la plus grande partie de ses scènes, mais Perpignan et la Castille ne sont pas en reste.

Le titre du livre ne doit pas tromper : L’Infante, c’est le surnom donné à la jeune Ines de Llar. Pourquoi ? Pour ses cheveux blonds et sa peau claire, associés à une rare beauté, qui la font ressembler à une damoiselle de la maison d’Autriche plutôt qu’à la fille de hobereaux de la montagne… Mais c’est aussi sa morgue toute castillane, son air altier, sa fierté, et l’habit avec garde-infant qu’elle revêt lors d’un bal mémorable…

Un récit puissant, qui ne laissera personne indifférent. Le devoir et Dieu premier servi avant l’amour humain…

« − Savez-vous à qui je pense, en cette minute ?… Je pense à Inès de Llar, à cette jeune fille de Villefranche qui, par amour pour un officier français, trahit, dit-on, son père, sa mère et tous les siens, avec leurs amis et leurs proches, qui avaient formé le complot de livrer la place aux Espagnols. Voilà vingt ans, moi aussi, que je vins à Villefranche pour la première fois. Trois lignes du guide me révélèrent l’existence de cette jeune passionnée. Je n’en sais pas plus, sinon que ce terrible drame d’amour se passa en 1674, au lendemain de l’annexion du Roussillon et de la Cerdagne à la France. Mais, depuis ce temps-là, chaque fois que je reviens ici, je rêve de cette petite patricienne, de cette fille de hobereaux tout gonflés de morgue castillane, et je me dis qu’elle dut être bien affamée d’amour pour commettre un pareil crime, pour imprimer une pareille tache sur le blason familial. Elle m’inspire une sympathie et une pitié profondes. Quand j’entre à Villefranche, c’est cette pâle figure aux grands yeux tristes que j’aperçois toujours, derrière les meurtrières des vieux remparts ou les fenêtres grillées des vieux logis…

» − Comme vous, dit l’Évêque, – et depuis plus longtemps que vous, – j’aime Inès de Llar. Je lui pardonne. Elle a dû tant souffrir !…

» Et, après avoir réfléchi un instant, il prononça, avec la plus pressante persuasion :

» − Il faut que vous racontiez cette histoire !…

» Comment cela se fit-il ? Instantanément, je fus convaincu qu’il le fallait en effet. »

− Conversation avec Monseigneur Jules du Pont de Carsalade, évêque d’Elne, rapportée par Louis Bertrand, de l’Académie française, dans le « Prologue » de son ouvrage.

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L’esprit familial à l’honneur avec Mgr Delassus

Monseigneur Henri Delassus, du diocèse de Cambrai, est célèbre pour son étude de l’américanisme et de La Conjuration antichrétienne. Il a écrit bien d’autres ouvrages, dont un remarquable L’esprit familial dans la maison, dans la Cité et dans l’État, résumant en bonne partie l’excellent ouvrage La Famille telle que Dieu l’a faite, de l’abbé Roquette, plus vieux d’une trentaine d’années.

« La famille n’existe plus en France. Et c’est là, pour le dire en passant, ce qui explique le peu de résultats obtenus par les prêtres et les religieux qui ont eu en mains, pendant un demi-siècle, l’enseignement primaire et secondaire de plus de la moitié de la population. Leurs leçons ne trouvaient plus à s’asseoir sur le fondement solide que doivent poser dans l’âme de l’enfant les traditions de famille. […]

» Ne voyant plus l’avenir devant elles, les familles ne songent plus qu’à jouir du présent. […]

» C’est le cœur qui meurt le dernier, et le cœur de la France, c’est l’élite de ses enfants, composés de tous ceux qui ont gardé quelque chose de l’esprit des anciens. »

« Donc, partout la civilisation a commencé par la famille. Çà et là naissent des hommes chez qui se développent et agissent plus puissamment l’amour paternel et le désir de se perpétuer dans leurs descendants. Ils se livrent au travail avec plus d’ardeur, imposent à leurs appétits un frein plus continu et plus solide, gouvernent leur famille avec plus d’autorité, lui inspirent des mœurs plus sévères, qu’ils impriment dans les habitudes qu’ils font contracter. Ces habitudes se transmettent par l’éducation ; elles deviennent des traditions qui maintiennent les nouvelles générations dans la voie ouverte par les ancêtres. […]

» Comme le dit fort bien M. de Savigny : “L’État, une fois formé, a pour éléments constitutifs les familles, non les individus.” […] Partout la famille est, aux bonnes époques de l’histoire des peuples, ce que chez nous la démocratie, pour notre malheur, a fait être l’individu : l’unité sociale. […]

» “Rien dans l’histoire, dit M. Frantz Funck-Brentano, n’a jamais infirmé cette loi générale : tant qu’une nation se gouverne d’après les principes constitutifs de la famille, elle est florissante ; du jour où elle s’écarte de ces traditions qui l’ont créée, la ruine est proche. Ce qui fonde les nations sert aussi à les maintenir.” […]

» Pour un peuple, il y a pire que la destruction de ses armées et de ses flottes, la banqueroute de ses finances et l’invasion de son territoire ; il y a l’abandon de ses traditions et la perte de son idéal. L’histoire de tous les peuples est là qui nous l’atteste. […]

» Les Français étaient heureux et prospères lorsque la famille était chez eux solidement constituée, quand l’esprit de famille animait la société entière, le gouvernement du pays, de la province et de la cité, et présidait aux rapports des classes entre elles. […]

» Aujourd’hui, la famille est à ce point dans la dépendance de l’État que le père n’a même plus la liberté d’élever ses enfants comme sa conscience et ses traditions de famille lui disent de le faire. L’État s’en empare, avec la volonté légalement proclamée de faire de ces enfants des sans-Dieu et conséquemment des sans-mœurs. Et les pères de famille ont tellement perdu le sentiment de ce qu’ils sont, qu’ils laissent faire ! […] »

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Des Récits espagnols du père Coloma pleins d’humour

Le révérend-père Luis Coloma n’est pas un jésuite comme les autres. Andalou de naissance, c’est à Bilbao qu’il a passé une bonne partie de son existence dans la Compagnie de Jésus. Et c’est dans ce pays basque que l’écrivain français René Bazin, à la fin du XIXe siècle, put avoir la joie de le rencontrer et de converser longuement avec. Il en parle dans son Terre d’Espagne, beau recueil de notes de voyage.

La préface de l’auteur à ses Récits espagnols (en langue originale : Lecturas recreativas) est un véritable petit traité de littérature catholique. Le but d’édification qu’il se donne n’empêche ni la récréation de l’esprit, ni les anecdotes particulièrement croustillantes et amusantes. Chaque nouvelle, indépendante des autres, est inspirée d’histoires vraies.

Les quelques récits que nous offrons aujourd’hui au public, parurent d’abord dans El Mensajero del Corazón de Jesús de Bilbao. L’auteur les recueillit ensuite en volume et les publia, en 1885, sous le titre de Lecturas recreativas.

Spécialement écrit pour la jeunesse, l’ouvrage a pour but de flageller les vices et les travers de la société, et de donner « à ceux qui n’ont que du dégoût pour tout ce qui, de près ou de loin, touche à la dévotion », une lecture saine, attrayante, instructive et toute « pleine des divines leçons du Cœur Sacré de Jésus ».

Écrites d’une plume alerte et vigoureuse, ces captivantes nouvelles toutes basées sur des faits historiques, furent justement remarquées : elles eurent même la bonne fortune d’être considérées, au lendemain de leur publication, comme un événement littéraire.

Un éminent critique espagnol, après avoir analysé chacun de ces récits et comparé leur auteur avec Pereda et Trueba, deux célèbres romanciers andalous, écrivait dans la Revista Popular de Madrid en 1885 : « Personne ne sait raconter avec plus de vérité que le père Luis Coloma un épisode de la vie réelle : personne mieux que lui ne sait peindre avec plus de naturel, de couleur locale, un cercle de famille, un intérieur, les gens, les traditions et les coutumes du pays. »

« Voici l’intéressant portrait que M. René Bazin a tracé du père Luis Coloma, dans la Revue des Deux Mondes de février dernier :

» “C’est un homme d’un peu plus de quarante ans, assez grand, assez fort, d’un accueil très simple. Il a le visage carré, les traits réguliers, les sourcils nets et noirs et une expression habituelle de lassitude, ou plutôt, il est de ces maladifs qui ont une physionomie à éclipses. Le jeu instinctif des muscles est devenu un effort chez eux. Mais, dès qu’il parle, les yeux s’animent Le sourire est fin, spirituel, je dirais presque involontairement mondain. On sent très bien que ce religieux a souri dans un salon.” »

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Paru : Le Guide de l’empereur, premier recueil de nouvelles de René Bazin

La longue nouvelle d’ouverture « Le Guide de l’empereur », qui a donné son titre à tout l’ouvrage, se passe principalement à Toul, puis à Strasbourg, dans un milieu militaire, entre la guerre de 1870 et celle de 1914, inaugurant ainsi un nouveau thème important dans l’œuvre générale de René Bazin.

Suivent d’autres nouvelles où s’épanouit toujours le style de leur auteur, tantôt dans le comique tantôt dans le triste : « Le soldat Fréminet », « La coiffe blanche », « Le nouveau bail », « La source », « La mère Chaussée », « Le maître maçon Pignechatte », « Trois arbres », « Sur le tard », « Les gourmets du Bugey », « Le Pin-Sauvage », « Miss Ellen », « Le moulin de Bienluivient », « Les yeux tristes » et, pour finir le recueil, « Le petit de treize ans ».

Il y en a de tous les genres. C’est le premier recueil de nouvelles publié par René Bazin, en 1890.

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De la Monarchie et de la République

L’abbé Eugène Roquette – également auteur d’un excellent ouvrage sur La Famille telle que Dieu l’a faite, et dont nous avons publié plusieurs textes sur l’éducation dans l’opuscule L’école à la maison, une institution divine – a fait paraître en 1875 un très convaincant essai intitulé De la Monarchie et de la République.

À ce moment, la France est dans l’instabilité, peu de temps après la chute du Second Empire de Napoléon III, la guerre franco-prussienne et le sanglant épisode de la Commune de Paris. La Troisième République se dessine progressivement, contre l’intérêt et les vœux des Français. On espère volontiers que le roi Henri V ne sera plus empêché d’exercer l’autorité qui lui revient.

Eugène Roquette est cependant loin de s’arrêter à des considérations journalistiques d’un moment. Bien au contraire, il signe un essai de philosophie politique chrétienne rappelant l’origine divine du pouvoir (ce que ferait six ans plus tard le pape Léon XIII dans son encyclique Diuturnum illud de 1881 sur le même sujet) et la pensée traditionnelle de l’Église en la matière.

Réaffirmant l’origine naturelle, paternelle et patriarcale des rois, ceux-ci étant originellement les auteurs de leurs peuples, l’abbé Roquette fait de la monarchie la forme de gouvernement spécialement voulue de Dieu, toutes les autres formes n’ayant de valeur que par rapport à ce modèle.

L’auteur réfute toutes les thèses inférant au pouvoir civil une origine contractuelle, que ce soit dans un contrat social pur et dur ou dans un pacte plus diffus.

« Ce n’est donc pas assez de dire comme on le fait communément, même parmi les hommes les plus monarchiques, que le gouvernement monarchique est préférable à tous les autres, au gouvernement aristocratique, démocratique, et même mixte, il faut dire absolument que le gouvernement monarchique est le gouvernement propre des États, leur gouvernement naturel, et en quelque sorte nécessaire, de même que le gouvernement paternel est le gouvernement propre, naturel, et aussi en quelque sorte nécessaire de la famille. Il faut dire encore qu’en dehors du gouvernement monarchique tous les autres gouvernements n’ont de valeur qu’en ce qu’ils remplacent du mieux qu’ils peuvent ce gouvernement absent, et que l’ordre de leur mérite respectif est précisément l’ordre de leur ressemblance avec le gouvernement monarchique. Celui d’entre eux qui s’en rapproche le plus est aussi le plus parfait, ou plutôt le moins imparfait, le gouvernement monarchique, pur et simple, étant toujours le seul gouvernement vrai, naturel, parfait. »

« […] Il est donc permis d’être républicain au sein d’une république qu’on n’a pas faite, qu’on ne peut pas changer ; mais ce qui n’est pas permis, même à la république, c’est de glorifier le régime républicain, de célébrer son avènement, d’exalter ses fondateurs, d’appeler la république le règne de la liberté, et la monarchie celui de la servitude. Voilà ce qui est interdit, parce que c’est participer au crime de ceux qui ont fondé la république. Qu’on subisse le mal en silence, avec résignation, mais qu’on ne le glorifie pas. »

« Si ce sont les peuples qui se sont faits eux-mêmes, ces peuples s’appartiennent, ils sont souverains, l’État est leur chose, leur bien, leur propriété, et par origine, par nature, par essence, à jamais par conséquent, car les essences des choses ne changent pas, le peuple est souverain et l’État républicain, le peuple su fût-il même donné des rois, car ce qu’on se donne est bien à soi, ce qu’on fait est bien son œuvre, et on en dispose comme on l’entend ; seulement, dans ce dernier cas, cette démocratie sera royale, au lieu d’être bourgeoise ou populaire.
» Mais si ce sont les rois, au contraire, qui ont fait les peuples, non en figure, non par métaphore, mais à la lettre, physiquement, comme le père a fait sa famille, ou la mère-abeille son peuple, si la nation est une ruche, une famille, non un troupeau formé par attroupement, rassemblement, alors, par origine, par nature, par essence, à jamais par conséquent, l’État monarchique, même sous le régime du conseil de famille, puisque c’est à la place du père, avec le pouvoir du père que ce conseil gouverne la famille, non avec le pouvoir des enfants.

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Connaissez-vous les Contes et rêveries d’Armand de Pontmartin ?

Les Contes et rêveries d’un planteur de choux ont eu leur succès au XIXe siècle, mais ils sont aujourd’hui trop peu connus, malheureusement.

Le planteur de choux en question n’est autre qu’Armand de Pontmartin, critique littéraire légitimiste qui est resté fidèle aux aînés des Bourbons et n’a jamais daigné servir des princes illégitimes, préférant ainsi regagner sa province avignonnaise plutôt que de rester dans un Paris hypocrite.

Si certains critiques littéraires se contentent de critiquer, Pontmartin a mis plusieurs fois la main à la pâte, et ses Contes et rêveries constituent un modèle de style dans la confection d’un petit roman, d’une nouvelle épistolaire, de nouvelles et d’articles amusants. La « littérature officielle » ne les ont pas retenus, en voulant à leur auteur d’avoir porté des jugements sévères sur plusieurs chouchous de la modernité ; mais le lecteur du XIXe siècle constatera aisément par lui-même ce qu’il en est.

Les Contes et rêveries d’un planteur de choux comprennent le roman Napoléon Potard, la nouvelle épistolaire Marguerite Vidal, les nouvelles Les Trois Veuves ainsi que Le Bouquet de marguerites, puis – pour finir – les articles formant les Silhouettes d’artistes en province.


« — Alors, mon ami, après avoir essayé de ces chimères stériles, j’ai demandé asile à la plus séduisante de toutes, à la poésie ; j’ai terminé un drame et un volume de vers ; j’ai porté le tout à un directeur de théâtre et à un libraire : le directeur a refusé ma pièce, parce qu’il n’y avait, m’a-t-il dit, ni adultère, ni viol, ni cimetière, ni poison, ni inceste ; et le libraire a refusé mes vers, sous prétexte qu’ils n’étaient ni assez neufs, ni assez ridicules pour avoir du succès. Voilà où j’en suis de mon odyssée. »


« — Hélas ! mon fils, le bois et la caverne, aujourd’hui, c’est le monde, c’est le salon, c’est la Bourse, c’est le gouvernement, c’est le ministère ! Pour te conter une histoire de voleurs, il faudrait te faire toute notre histoire politique, industrielle et morale, et celle-là ne t’amuserait pas ; elle est déjà bien assez triste pour nous, vieux enfants, qui sommes forcés de la savoir ! »


« Grâce donc aux voyageurs et aux journalistes, qui, comme chacun sait, ne racontent que ce qu’ils ont vu et ne parlent que de ce qu’ils connaissent, nous pouvons avoir sur tous les points du globe des renseignements précis. Un seul pays est excepté de cette attention, de cette étude, de cette bienveillance générale : c’est tout simplement cette contrée sauvage et inconnue qui s’étend de Quimper à Fréjus et de Bayonne à Thionville ; ce sont ces grandes steppes intellectuelles, sociales, politiques, financières et artistiques qu’on nomme la province. Il y a là trente-un millions et quelque cent mille êtres vivants que les géographes appellent âmes par politesse, et qui peuvent penser, parler et agir, sans qu’on s’informe jamais ni de leurs idées, ni de leurs actions, ni de leurs paroles. Si on leur donne des préfets, des magistrats, des gendarmes, c’est uniquement pour la forme, et pour qu’ils s’imaginent être administrés ; dans le fait, ils n’ont et ne peuvent avoir qu’un fonctionnaire sérieux, le percepteur ; car, tout en s’occupant très peu de ce qu’ils veulent, de ce qu’ils disent ou de ce qu’ils font, on s’occupe très fort de ce qu’ils paient. Sous ce rapport même leur importance s’accroît à mesure que leurs charges augmentent, et plus le gouvernement auquel ils ont affaire est intéressé, plus ils deviennent intéressants.


» Je me trompe pourtant, et la province a un autre moyen de faire parler d’elle. Si personne n’y songe, tant qu’elle reste ce qu’elle doit être, une bonne et sage personne, une société de simples honnêtes gens, qui sont quelquefois des honnêtes gens fort simples, elle attire tous les regards dès qu’elle a l’honneur de produire un grand criminel. Qu’un Bourguignon ou un Provençal sauve un enfant à la nage, publie un bon livre, invente une charrue modèle, concoure pour le prix Montyon ou envoie à son conseil municipal de bons et dévoués citoyens, il n’en sera pas plus question que du grand Namaquois, et c’est tout au plus s’il obtiendra les honneurs du canard dans le Journal des Villes et des Campagnes ; mais qu’il s’avise d’assassiner les auteurs de ses jours, de couper en morceaux un certain nombre de ses semblables, d’empoisonner un ou plusieurs membres de sa famille, il devient aussitôt plus important que s’il était Turc, Égyptien ou Chinois, à l’instant même les grands journaux s’en emparent ; leurs immenses colonnes, qui ne sont pas tout à fait celles de l’ordre social, se remplissent du récit tragique, des préliminaires, des détails, des plaidoyers et des débats. La France entière se presse aux portes et s’accroche aux fenêtres d’un palais de justice. » — Armand de Pontmartin

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L’école à la maison, une institution divine : un livre d’actualité !

Prêtre du XIXe siècle originaire d’Aveyron, l’abbé Eugène Roquette a écrit des ouvrages sur la famille, le droit canonique et la politique chrétienne.

Ici, le recueil L’école à la maison, une institution divine reprend ses meilleures pages consacrées au rôle des parents dans l’éducation, l’instruction et l’enseignement des enfants.

Le père, en tant qu’auteur de ses enfants, est le seul à avoir sur eux une autorité naturelle ; tandis que la famille est la seule « école » que Dieu ait directement créée.

« La famille, voilà donc l’école naturelle de l’enfant, l’école providentielle, divine, nécessaire, obligatoire, le moule où il doit recevoir l’empreinte et se former. Toute autre école est arbitraire, factice, artificielle ; c’est élever un enfant au biberon quand les mamelles de la mère sont gonflées de lait, c’est jouer sa vie morale, je veux dire son éducation, et l’éducation comprend, on vient de le voir, le corps, l’esprit et l’âme, et si la pratique nous montre que la plupart des enfants élevés au biberon périssent de corps, cette même pratique nous montre bien mieux encore que la plupart des enfants élevés artificiellement hors de la maison paternelle périssent de corps, d’esprit et d’âme, c’est-à-dire perdent la santé, les principes et la grâce.


» D’où vient, en effet, notre triste, notre lamentable état social, sinon du lamentable état moral de nos classes dirigeantes, et par celles-ci de nos classes dirigées ? Et d’où vient cet état des classes dirigeantes sinon des éducations exotiques, artificielles, mercenaires ? C’est le biberon au lieu du sein maternel, c’est l’éducation inventée par l’homme substituée à l’éducation inventée par Dieu. Ces jeunes âmes reçoivent une fausse nourriture, et trop souvent un véritable poison au lieu de nourriture ; comment pourraient-elles vivre ? Elles périssent donc, et les parents étonnés s’écrient en voyant des enfants qui n’ont plus la candeur, la simplicité, la grâce, la docilité de l’enfance, mais bien la hardiesse, l’arrogance précoce de l’homme manqué : il n’y a plus d’enfants. Cela est vrai, mais pourquoi ? Parce que depuis longtemps il n’y a plus de pères, plus de parents. »

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Dans la montagne, le chef-d’œuvre de J. M. de Pereda, est disponible !

Préface de René Bazin. Traduction d’Henri Collet et Maurice Perrin.

Le roman, très réaliste et non sans rapports avec l’auteur, se déroule dans la cordillère Cantabrique, dans un petit village où perdure la société traditionnelle de l’Espagne du xixe siècle, autour du curé et du petit hidalgo local. Son héritier, son neveu, arrive de Madrid pour faire connaissance avec son oncle… et les lieux, si escarpés, si enclavés. Parviendra-t-il à s’y faire ? Qu’y découvrira-t-il d’attachant ?

Un grand roman catholique et hispanique, que l’académicien René Bazin (qui s’est hâté de rencontrer, lors de son premier voyage en Espagne, José María de Pereda qui était alors en train d’écrire Dans la montagne) a salué de cette façon :

« Un critique a pu dire de Peñas Arriba [Dans la montagne], qu’une telle œuvre “enrichissait la littérature européenne”. Le jugement n’était pas une flatterie. On peut le répéter, maintenant que José María de Pereda a disparu de ce monde. Je souhaite vivement que la traduction […] se répande dans le public français ; qu’elle fasse pénétrer dans les bibliothèques de chez nous un grand livre d’un pays voisin ; qu’elle aide aussi nos compatriotes à comprendre mieux, à estimer encore plus, ce solide peuple espagnol, qu’on voit agir dans cette œuvre toute pétrie de vérité. Quand on a dit qu’il est chevaleresque, on n’a pas tout dit. »

« Si vous ouvrez Peñas Arriba, vous serez frappé du large caractère du début. C’est d’abord la dédicace : “À la sainte mémoire de mon fils, Jean Manuel”, et les mots qui suivent : “Vers le dernier tiers du brouillon de ce livre, il est une croix et une date entre deux mots. Pour l’ordinaire curiosité des hommes, ces signes rouges n’auraient pas grande importance ; et cependant Dieu et moi nous savons que, dans le misérable espace qu’ils remplissent, tient l’abîme qui sépare mon présent de mon passé.” C’est ensuite le récit de l’arrivée de Don Marcelo chez son oncle Don Celso, le vieux seigneur de la montagne. On entre dans cette histoire, comme dans la cour d’honneur d’une habitation ancienne, par un portique de haute architecture, que le temps menace, on ne le voit que trop, mais dont la ruine encore peut être relevée. Et le roman ne va pas à une autre fin : il montre ce qu’a été, ce qu’est la casa solar d’un gentilhomme de la montagne de Santander, la maison accueillante, non seulement aux pauvres, qui ne sont qu’une petite partie de nos frères, mais à toutes les familles du village, la maison conseillère et consolatrice, la maison indulgente et secourable, la maison où le prochain est aimé par la seule raison qui vaille et qui dure, l’amour de Dieu ; il nous la présente au moment où le maître, vieux et malade, va la quitter pour jamais ; il y fait revenir le dernier héritier des Ruiz de Bejos, homme du monde, homme de la grande ville ; il raconte comment, peu à peu, la montagne fait la conquête du citadin, et s’assure un nouvel ami, qui continuera l’ancien.

» La campagne aura-t-elle des riches, et quels riches l’habiteront, ou, plus exactement — car ici la richesse n’est qu’un élément secondaire —, existera-t-il une aristocratie rurale, telle qu’on l’a connue, dans les montagnes de Santander, aristocratie ouverte, cela va sans dire, soucieuse du progrès de l’agriculture et du bien-être des paysans, vivant au milieu d’eux, persuadée d’abord qu’elle a une mission d’exemple et de paternité : voilà le problème. Il n’intéresse pas seulement la province de Santander, pas seulement l’Espagne : en plusieurs pays d’Europe, le moyen ou le grand propriétaire a cessé de résider dans ses terres ; son influence a disparu ; d’autres l’ont remplacée ; il semble bien que l’expérience soit complète, et qu’on aperçoive, à sa lumière, une sorte de loi de la paix publique. Si la campagne est partagée uniquement entre des petits propriétaires et des fermiers, cette société imparfaite n’aura pas d’équilibre et sera travaillée par de terribles dissensions, car il n’y a pire jalousie qu’entre les gens à peu près égaux ; si elle est habitée par un riche qui ne soit qu’un homme politique, elle se corrompra ; si elle est habitée par un oisif, même dépensier, même généreux, elle deviendra hostile : elle ne connaîtra le repos et une certaine douceur de vivre que si une famille plus riche et plus instruite que les autres, libérale de sa fortune et surtout de son temps, fait son premier devoir de l’aimer et de la servir.

» Le romancier espagnol avait parfaitement vu l’ampleur d’un tel sujet ; il avait conscience de parler pour son pays et pour d’autres. Lorsque j’eus l’honneur d’être reçu par lui, dans sa belle villa de Polanco, en septembre 1894, il me dit, après avoir jugé ses émules avec la bienveillance et la fermeté d’un grand esprit : “Je travaille, en ce moment, à composer un livre où je peins les mœurs de la montagne, des cimes, là-haut — c’était Peñas Arriba. Mes récits ont des cadres de ce pays, mais les scènes, la psychologie, sont d’un monde bien plus étendu, et, par là, je me rattache au roman général.” »

— René Bazin dans la préface de la traduction française de Dans la montagne

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Les Noellet, de Bazin, sont sortis !

Le quatrième livre et roman de René Bazin prend place en Anjou, dans les Mauges. Les Noellet forment une famille de petits paysans propriétaires, au cœur d’une société traditionnelle et dans le voisinage d’un domaine dont les riches habitants passent la plus grande partie de leur temps en ville.

Des personnages fuient leur devoir ; d’autres s’y soumettent courageusement. L’histoire est grave, mais aussi sérieuse que réaliste.

« La métayère et ses filles s’étaient placées au premier rang, le long de la grille. Et, quand le régiment défila pour se rendre au champ de manœuvres, elles cherchèrent à découvrir Jacques. Mais les soldats, tout habillés de rouge et de bleu, se ressemblaient trop, ils marchaient trop vite. À peine avait-on le temps de parcourir d’un coup d’œil tous les visages d’une même ligne. Comment découvrir même un si cher ami, dans ce flot mouvant ? Marie et la mère Noellet y renoncèrent bientôt, éblouies par cette succession fatigante de couleurs vives. Antoinette, au contraire, continua de regarder. Elle aimait ses frères d’une tendresse à part, elle était leur préférée, elle voulait voir Jacques. Et voilà que, vers le milieu du défilé, un adjudant dit à demi voix, tout près d’elle : “Numéro 7, voulez-vous trois jours de consigne pour vous apprendre à porter votre fusil ?” Elle suivit le geste du sous-officier et le mouvement de tête des camarades qui désignaient l’homme. Son cœur se serra. Le numéro 7, une figure encore rose, mais amaigrie, de grands yeux bleus cernés, les épaules voûtées, un être souffrant, qui n’avait du soldat que l’uniforme et l’obéissance peureuse, c’était Jacques, le frère, le fils aimé, celui dont le père attendait encore un aide dans l’avenir !
Comme il avait changé !

– Pauvre gars, dit un gamin près d’Antoinette, il n’en a pas pour longtemps dans le ventre ! »