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Le « Syllabaire » des FÉC enfin disponible

Qui ne connaît les Frères des écoles chrétiennes… ?

Et qui ne peut constater autour dans son entourage les piètres compétences orthographiques de ses contemporains ? En plus de constater qu’ils ne lisent plus ou presque plus…

On ne peut donc que se féliciter de la réédition de ce Syllabaire en rapport avec la méthode des Frères des écoles chrétiennes, dont la première mouture avait vu le jour au Québec en 1875, fruit d’une longue expérience enseignante de la part de la congrégation en question.

Il s’agit d’une méthode alphabétique et syllabique absolument pure, sans aucun mélange de pédagogie « phonique ». Cet opuscule est d’autant plus recommandable que l’on nous vend souvent de nos jours des méthodes soi-disant « syllabiques » qui sont en réalité phoniques. Ne vous y laissez point prendre !

Le Syllabaire a pour but de former l’enfant au mécanisme de la lecture.

Il comprend trois grandes divisions :

1° Étude de l’alphabet, des accents et des lettres équivalentes, appliquée aux syllabes directes (8 leçons).

2° Étude des syllabes inverses, des articulations et des sons simples et composés (9 leçons).

3° Étude des lettres finales muettes, des lettres doublées, des équivalences et d’autres difficultés (5 leçons).

La première division et la deuxième comprennent des mots à orthographe régulière.

La troisième division comprend des mots à orthographe irrégulière.

Chaque leçon est divisée en trois parties :

1° Étude des lettres, groupées par catégories.

2° Assemblage des lettres ou préparation syllabique.

3° Exercices d’application sur des mots ou des phrases.

Chaque partie de leçon doit être épelée, syllabée, puis lue presque couramment.

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Le père Coloma nous régale de ses « Bagatelles »

Le père jésuite Luis Coloma s’est fait connaître dans le monde littéraire en publiant ses Bagatelles (titre espagnol original : Pequeñeces) sous forme de roman feuilleton dans Le Messager du Cœur de Jésus de Bilbao, en l’an de grâce en 1890-1891. Le tout fut aussitôt publié sous forme de volume en Espagne, rencontrant un succès retentissant – ce qui ne put que mettre la puce à l’oreille d’un éditeur français qui traduisit et publia le texte en France dès 1893.

En 1894, lors de son premier voyage en terre hispanique, René Bazin s’empressa de rencontrer « l’illuste auteur de Pequeñeces », à savoir le R.P. Luis Coloma S.J.

« Ami lecteur, lecteur, si tu connais la vie et les misères humaines, si tu es courageux, si tu aimes la vérité, tout amère qu’elle soit, ouvre sans crainte les pages de ce livre : tu n’y trouveras rien que tu ignores, qui t’étonne ni qui t’offense. si tu es d’âme pieuse et timide, si tu n’es pas sorti de ces limbes de l’entendement où nous enferme le manque d’expérience plutôt que l’innocence du cœur, si la vérité te scandalise, parce qu’elle est nue, et blesse ton amour-propre, parce qu’elle est rude, arrête-toi —ou du moins, n’avance pas sans écouter ce que je dois t’apprendre. […]

» Que si enfin, après m’avoir concédé raison sur tous ces points, tu juges cette histoire singulièrement profane et malséante à la gravité du journal qui l’a publiée (Le Messager du Sacré-Cœur de Jésus de Bilbao), considère que ses abonnés ne sont pas tous, ainsi que toi sans doute, pieux et uniquement occupés de lectures spirituelles. parmi eux figurent des femmes du monde à côté d’abbesses vénérables, des oisifs et de joyeux jeunes gens avec des congréganistes de Saint-Louis. il faut que chacun trouve des aliments substantiels et agréables. un palais blasé n’accepte de mets salutaires que s’ils sont convenablement épicés. À combien d’affamés doit-on faire
absorber en petites doses, par surprise et, pour ainsi dire, relevée d’une sauce honnêtement profane, la divine nourriture du Christ ! Au-dessus de la charité qui consiste en aumônes, je place celle qui comprend et réconforte les défaillances humaines. C’est elle qui m’a fait prendre la plume, dût-on me reprocher, ainsi que je l’ai déjà entendu, d’abaisser le caractère ecclésiastique à des frivolités. Comme si, pour la charité, descendre était se ravaler !…

» Et maintenant, ami lecteur, demeure en paix. Libre à toi, s’il te plaît, d’ouvrir ces pages ou de te dérober. Mais je crains que tu ne brûles de les lire et que tu ne les dévores lettre à lettre. Je crains — si, comme je le désire, mes arguments ne t’ont point convaincu — d’avoir excité malgré moi ta curiosité. Que Dieu soit avec toi et qu’il te bénisse. Pour moi, je retourne à ma solitude. » R.P. Luis Coloma, s.j.

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René Bazin vous invite en « Terre d’Espagne »

C’est à la fin de l’année 1894 que le célèbre René Bazin mettait pour la première fois de sa vie les pieds en Espagne. Et ce fut un coup de foudre !

Signant des articles pour un grand quotidien français tout au long de son périple à travers la péninsule Ibérique, ceux-ci furent publiés sous la forme d’un recueil dès 1895. Ce récit de voyage est particulièrement bien écrit et enthousiasmant.

« M’y voici, en terre d’Espagne. Ne vous étonnez pas, mon ami, si je ne débute par aucune considération générale. Je ne connais rien du pays – si ce n’est la petite Fontarabie, qui dort dans son armure ancienne –, ni rien des gens. Je n’ai, de plus, fait aucun plan, aucun projet, sauf de bien voir. Et je vous dirai, au jour le jour, ce que j’aurai visité le matin, entendu l’après-midi, rêvé le soir en prenant mes notes.

« S’il s’en dégage quelque jugement, ce sont les choses mêmes qui parleront ; car, parmi mes bagages, je n’emporte aucun préjugé, aucun souvenir bon ou fâcheux, pas même une part d’action de vingt pesetas, qui m’engage, pour ou contre, dans les affaires d’Espagne. »

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« La Légitimité » de Saint-Bonnet enfin en librairie !

Après sa période de souscription, l’imposant volume La Légitimité d’Antoine Blanc de Saint-Bonnet est enfin disponible.

Un beau pavé de 624 pages, originellement paru en 1872, et qui fait une suite à La Restauration française du même auteur. C’est une critique en règle du libéralisme que Saint-Bonnet sent s’installer durablement en France, mais c’est aussi un jet d’espoir vers le relèvement providentiel du royaume…

« [U]ne première concession de principe à la Révolution appelle celle-ci tout entière. […] Ce qu’il y a de plus à redouter dans le libéralisme, c’est qu’il ignore entièrement de quel principe il est issu : la raison ne sait où l’atteindre. […] Comme en philosophie, le vrai danger en politique est dans le commencement de l’erreur. […]
» Le libéralisme est le passage qui conduit à l’abîme. Il est le terrain provisoire sur lequel la société et la Révolution semblent s’entendre pour toujours, mais où cette dernière recueille des forces nouvelles pour nous étouffer. Aujourd’hui le libéralisme n’est là que pour offrir périodiquement à la Révolution le moyen de monter d’un degré, s’attribuant alors l’honneur de l’avoir à jamais fixée. Il se modifie de la sorte sans cesser d’être lui, et chaque fois la société, par un compromis douloureux, cède un terrain que la Révolution vient occuper définitivement. Ainsi des portes de la vérité jusqu’au fond de l’erreur, il entretient à nos frais la route où les peuples s’avancent en dormant. Quand ils s’éveillent, il n’y a plus pour eux de retour. […]
» L’Empire fut le couronnement du libéralisme, autrement dit l’installation du césarisme : la plus parfaite substitution de l’homme à Dieu, de l’État à l’Église qui ait eu lieu en dehors de l’Empire romain, ou, si l’on veut, de l’Empire ottoman. […]
» Les hommes ont retiré au Créateur ses droits sur la Création, et ils espèrent garder les leurs ! Ne pouvant compter sur eux-mêmes, ils veulent compter sur l’État, lequel a pris la place de l’Église. Et pourquoi compter sur l’État ? parce qu’il dispose de la force ? Mais, chez les êtres moraux, cette force obéit à la force morale, que celle-ci s’égare ou suive son chemin ! […]
» L’orgueil : voilà le fait, voilà l’essence de la Révolution. […] Par suite de l’état de la nature humaine, mettez le bien et le mal en champ clos, et le mal renversera le bien. De même, toute lutte à armes égales entre la vérité et l’erreur sera la victoire de l’erreur sur la vérité.
» De là l’urgence de l’autorité : autorité spirituelle, pour protéger la vérité contre l’erreur ; autorité civile, pour protéger le bien contre le mal… Hors de ce point de vue, il n’y a plus de politique. […]
» Il n’y a pas que des lois chez les hommes ! L’exemple est la seconde autorité, puisqu’il est la source des mœurs. […]
» La démocratie est une cessation du mouvement d’ascension vers la vie, dès lors une dissolution de la Société. […]
» Dès que les peuples échappent aux croyances, ce n’est point pour s’élever dans les idées, mais pour retomber dans les sens. […]
» Lorsqu’il n’existe plus de noblesse pour étendre l’action de l’Église, pour prolonger et répartir l’autorité, l’État ne peut plus agir, dans le fait, que par le despotisme, puisque le pouvoir reste seul… […] Agriculture et Royauté chrétienne, au lieu d’une loi athée dans une constitution anglaise, sont les deux conditions du bonheur : c’est le lot que le ciel a fait à la France, et ce sont les deux éléments de sa constitution. »

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Avis de parution : le roman Pedro Sánchez, de Pereda, plus que jamais d’actualité ?

L’actuel Premier ministre de l’Espagne, un socialiste, s’appelle Pedro Sánchez. La presse de toutes les nuances politiques s’est étonnée de sa volonté de s’accrocher à son poste plutôt que de démissionner ou de hâter les élections générales… Mais ces dernières s’annoncent pour bientôt, en 2023.

Fait amusant, le romancier carliste José María de Pereda avait déjà mis en scène, en plein XIXe siècle, un personnage répondant au nom de Pedro Sánchez. Et ce personnage-là s’est lancé dans le journalisme puis dans la politique par pur opportunisme, pour gagner de l’argent. Ce ne fut donc que par hasard qu’il arriva dans les rangs révolutionnaires et de gauche, avant de remarquer, le temps passant, qu’il ne faisait pas avancer la cause qu’il fallait…

Le Pedro Sánchez de José María de Pereda est une belle satyre de l’opportunisme, du monde des partis politiques et du parlementarisme. À lire sans attendre !

« — Que pensez-vous du señor don Augusto Valenzuela ?
— Je le tiens, me répondit-il à l’instant, pour un grand fripon.
— À la lettre ? répliquai-je.
— À la lettre, insista-t-il.
— Bien entendu, ajoutai-je sans la moindre intention de justifier le Manchois, vous voulez parler de l’homme d’État, du politique, mais non pas du…
— Quel homme d’État ? quel politique ? interrompit Matica, avec sa franchise habituelle. Je parle de l’homme, et je n’admets pas ces distinctions inventées par nos rhéteurs à la mode pour légitimer ce trop heureux métier qui consiste à vivre aux dépens du pays. Celui qui commet une friponnerie politique est un fripon comme tous les autres ; quand on n’est pas honnête dans sa vie publique, on ne peut pas l’être davantage dans sa vie privée. Est-ce que l’honneur est une statue à deux faces, ou un meuble à plusieurs usages ? Mais même en admettant cette bizarre distinction comme une excuse valable pour tous les crimes officiels, je maintiens le qualificatif en ce qui concerne l’important Manchois dont nous parlons. Le señor de Valenzuela est un monsieur qui, si le code civil était appliqué en Espagne à tous les Espagnols également, traînerait depuis plusieurs années trente livres de chaîne dans un bagne, avec beaucoup d’autres personnages qui comme lui roulent carrosse aux dépens de l’État. »

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À l’aventure : parution des Croquis italiens de René Bazin

Non, René Bazin ne s’est pas essayé ici au dessin… mais il dresse des portraits et dépeint des paysages très plaisants d’un voyage en Italie, intenté pour un grand journal français.

C’est le premier carnet de voyage, si l’on peut dire, de René Bazin qui ait été publié. L’auteur connaissait déjà l’Italie et y avait des amis et connaissances. C’est la moitié nord de la botte italienne qui retient toute son attention : Piémont, Lombardie, Rome, Bologne, Venise, etc.

On appréciera sans aucun doute ses remarques judicieuses et ses magnifiques descriptions. Ces pages remplacent sans aucun doute un voyage proprement dit, surtout qu’elles nous font remonter le temps…

« Il y a autant de manières de voir et de voyager qu’il y a de fantaisies, et de projets d’étude ou de plaisir, et de souvenirs même en chacun de nous. Tout ce qui change nos âmes change aussi nos yeux. En revoyant les choses, nous ne les retrouvons plus exactement les mêmes. L’intérêt qu’elles avaient hier ne ressemble point à celui qu’elles ont aujourd’hui. On croit recommencer un voyage, mais l’illusion tombe vite : on est allé dans le même pays, et c’est tout.

» J’en ai fait l’expérience. Je reviens d’Italie, ravi comme la première fois, mais pour d’autres raisons, avec une impression très vive, mais différente de l’ancienne. Tout de suite j’ai senti qu’il en serait ainsi. À peine le train qui m’emportait, au sortir du tunnel du Mont-Cenis, dévalait le long des Alpes dont des milliers de crocus violetaient les prés en pente, à peine aperçus les premiers mûriers enlacés de hautes vignes, les premières fermes ayant à leurs balcons des épis de maïs couleur d’or pendus en chapelets, les gaves à demi desséchés qui ne sont guère, même en automne, que des cascades de cailloux blancs, et le soleil clair sur les plaines vastes du Piémont, le doux et fort amour qui m’en était resté tressaillit au-dedans de moi. Mais je ne lui appartenais plus tout entier, comme jadis. À la joie de retrouver cette campagne italienne, et les villes dont les toits de tuiles rougissaient par endroits l’horizon, se mêlaient à présent toutes sortes de questions et de désirs nouveaux. […]

» Je n’ai pas la prétention d’avoir résolu tous ces problèmes, ni même de les avoir tous étudiés. Mais comme ils ont sans cesse habité mon esprit, il serait étonnant que je n’eusse pas rencontré, çà et là, pour quelques-uns du moins, un commencement de réponse. J’ai vu beaucoup d’hommes et de toutes conditions : avocats, ingénieurs, fonctionnaires, grands seigneurs, paysans, journalistes. J’ai causé avec chacun des sujets qu’il pouvait le mieux connaître. La plupart se sont expliqués, sur leur pays ou sur le nôtre, avec une franchise à laquelle je ne m’attendais pas ; j’ai trouvé des hommes intelligents et réfléchis, serviables, souvent instruits, qui m’ont laissé, sinon pour tous les Italiens, du moins pour une partie d’entre eux, des sentiments de sympathie qu’en toute franchise je n’avais pas portés chez eux. J’ai pu rencontrer des réticences, mais il y en a de transparentes ; des réserves aussi, mais qui pouvaient passer pour de la fierté, et n’avaient rien d’offensant.

» Eh bien ! parmi les choses qui m’ont été dites ou que j’ai cru deviner, parmi celles que j’ai vues, peut-être s’en rencontrera-t-il qui ne seront pas sans quelque intérêt ou quelque nouveauté. Je le désire du moins, et c’est la raison de ces notes. Elles ont été écrites pour le Journal des Débats où, sauf la neuvième et la fin de la douzième, rédigées depuis lors, elles ont toutes paru. J’hésitais d’abord à les éditer. L’accueil qu’on leur a fait m’y détermine. Les voici donc. Je les ai groupées à ma façon, n’en ayant pas d’autre, avec le souci de ne pas désigner les personnes et d’exprimer leurs idées fidèlement. J’espère que les lecteurs français me sauront gré de cette sincérité, et que mes amis d’Italie ne s’en offenseront pas. »

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L’Hiver de l’Église après le concile Vatican II : une histoire signée Cristina Siccardi

Les églises se vident, les couvents et monastères disparaissent les uns après les autres, les prêtres ne se recrutent plus ni ne se rendent visibles dans la société… La foi des rares fidèles semble trancher avec celle des siècles catholiques passés.

Qu’est-il arrivé ? C’est ce que l’auteur italienne Cristina Siccardi nous explique dans cet ouvrage faisant, un demi-siècle après l’événement, le bilan sans concessions du concile Vatican II.

« À qui irions-nous, Seigneur ? » (Jn 6, 67). Au concile Vatican II, peut-être… ? Un demi-siècle a passé depuis le concile le plus étudié de l’histoire, qui est aussi le moins clair de toute l’Histoire : quels en sont les fruits ? Comment, au cours de ces décennies, les figures de l’évêque, du prêtre, du moine, du religieux, de la sœur, de l’enfant de chœur, du catéchiste se sont-elles transformées ? Que proposaient les schémas préparatoires au concile pour qu’on ait décidé de ne pas en tenir compte ? Le pape François et Benoît XVI ont cosigné l’encyclique Lumen fidei pour l’année de la foi. Mais qu’est-ce qu’avoir la foi, et qu’est-ce que cela implique ? Cet ouvrage offre des réponses historiques et spirituelles à ces interrogations.

On compare souvent notre époque au IVe siècle, où saint Athanase prononça ses mots : « aujourd’hui, c’est l’Église tout entière qui souffre. Le sacerdoce est vilipendé de façon choquante et – pis encore ! – la sainte crainte de Dieu est raillée par une irréligiosité impie. […] La foi ne trouve pas son origine dans notre époque, mais elle nous est venue du Seigneur, par l’intermédiaire de ses disciples. Que l’on n’abandonne donc pas, de nos jours, cette Tradition, conservée dans les Églises depuis le début. Ne soyons pas infidèles à ce qui nous a été confié ! »

« À qui irions-nous, Seigneur ? » (Jn 6, 67). Au concile Vatican II, peut-être… ? Un demi-siècle a passé depuis le concile le plus étudié de l’histoire, qui est aussi le moins clair de toute l’Histoire : quels en sont les fruits ? Comment, au cours de ces décennies, les figures de l’évêque, du prêtre, du moine, du religieux, de la sœur, de l’enfant de chœur, du catéchiste se sont-elles transformées ? Que proposaient les schémas préparatoires au concile pour qu’on ait décidé de ne pas en tenir compte ? Le pape François et Benoît XVI ont cosigné l’encyclique Lumen fidei pour l’année de la foi. Mais qu’est-ce qu’avoir la foi, et qu’est-ce que cela implique ? Cet ouvrage offre des réponses historiques et spirituelles à ces interrogations.

On compare souvent notre époque au IVe siècle, où saint Athanase prononça ses mots : « aujourd’hui, c’est l’Église tout entière qui souffre. Le sacerdoce est vilipendé de façon choquante et – pis encore ! – la sainte crainte de Dieu est raillée par une irréligiosité impie. […] La foi ne trouve pas son origine dans notre époque, mais elle nous est venue du Seigneur, par l’intermédiaire de ses disciples. Que l’on n’abandonne donc pas, de nos jours, cette Tradition, conservée dans les Églises depuis le début. Ne soyons pas infidèles à ce qui nous a été confié ! »

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Parution de L’Infante, le magistral roman catalan de Louis Bertrand

Avec L’Infante, Louis Betrand atteint les sommets de l’art du roman historique. L’intrigue qu’il présente lui tient à cœur. Il s’inspire des faits véridiques d’une conjuration espagnole à Villefranche-de-Conflent au XVIIe siècle, se frayant un chemin entre les différentes versions conservées par les mémoires populaires au sujet de la jeune Ines de Llar et de sa famille…

Un roman puissant, où Louis Bertrand présente à ses lecteurs émerveillés une région dont il est tombé amoureux : la Catalogne française. C’est spécialement au Conflent qu’il donne la plus grande partie de ses scènes, mais Perpignan et la Castille ne sont pas en reste.

Le titre du livre ne doit pas tromper : L’Infante, c’est le surnom donné à la jeune Ines de Llar. Pourquoi ? Pour ses cheveux blonds et sa peau claire, associés à une rare beauté, qui la font ressembler à une damoiselle de la maison d’Autriche plutôt qu’à la fille de hobereaux de la montagne… Mais c’est aussi sa morgue toute castillane, son air altier, sa fierté, et l’habit avec garde-infant qu’elle revêt lors d’un bal mémorable…

Un récit puissant, qui ne laissera personne indifférent. Le devoir et Dieu premier servi avant l’amour humain…

« − Savez-vous à qui je pense, en cette minute ?… Je pense à Inès de Llar, à cette jeune fille de Villefranche qui, par amour pour un officier français, trahit, dit-on, son père, sa mère et tous les siens, avec leurs amis et leurs proches, qui avaient formé le complot de livrer la place aux Espagnols. Voilà vingt ans, moi aussi, que je vins à Villefranche pour la première fois. Trois lignes du guide me révélèrent l’existence de cette jeune passionnée. Je n’en sais pas plus, sinon que ce terrible drame d’amour se passa en 1674, au lendemain de l’annexion du Roussillon et de la Cerdagne à la France. Mais, depuis ce temps-là, chaque fois que je reviens ici, je rêve de cette petite patricienne, de cette fille de hobereaux tout gonflés de morgue castillane, et je me dis qu’elle dut être bien affamée d’amour pour commettre un pareil crime, pour imprimer une pareille tache sur le blason familial. Elle m’inspire une sympathie et une pitié profondes. Quand j’entre à Villefranche, c’est cette pâle figure aux grands yeux tristes que j’aperçois toujours, derrière les meurtrières des vieux remparts ou les fenêtres grillées des vieux logis…

» − Comme vous, dit l’Évêque, – et depuis plus longtemps que vous, – j’aime Inès de Llar. Je lui pardonne. Elle a dû tant souffrir !…

» Et, après avoir réfléchi un instant, il prononça, avec la plus pressante persuasion :

» − Il faut que vous racontiez cette histoire !…

» Comment cela se fit-il ? Instantanément, je fus convaincu qu’il le fallait en effet. »

− Conversation avec Monseigneur Jules du Pont de Carsalade, évêque d’Elne, rapportée par Louis Bertrand, de l’Académie française, dans le « Prologue » de son ouvrage.

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L’esprit familial à l’honneur avec Mgr Delassus

Monseigneur Henri Delassus, du diocèse de Cambrai, est célèbre pour son étude de l’américanisme et de La Conjuration antichrétienne. Il a écrit bien d’autres ouvrages, dont un remarquable L’esprit familial dans la maison, dans la Cité et dans l’État, résumant en bonne partie l’excellent ouvrage La Famille telle que Dieu l’a faite, de l’abbé Roquette, plus vieux d’une trentaine d’années.

« La famille n’existe plus en France. Et c’est là, pour le dire en passant, ce qui explique le peu de résultats obtenus par les prêtres et les religieux qui ont eu en mains, pendant un demi-siècle, l’enseignement primaire et secondaire de plus de la moitié de la population. Leurs leçons ne trouvaient plus à s’asseoir sur le fondement solide que doivent poser dans l’âme de l’enfant les traditions de famille. […]

» Ne voyant plus l’avenir devant elles, les familles ne songent plus qu’à jouir du présent. […]

» C’est le cœur qui meurt le dernier, et le cœur de la France, c’est l’élite de ses enfants, composés de tous ceux qui ont gardé quelque chose de l’esprit des anciens. »

« Donc, partout la civilisation a commencé par la famille. Çà et là naissent des hommes chez qui se développent et agissent plus puissamment l’amour paternel et le désir de se perpétuer dans leurs descendants. Ils se livrent au travail avec plus d’ardeur, imposent à leurs appétits un frein plus continu et plus solide, gouvernent leur famille avec plus d’autorité, lui inspirent des mœurs plus sévères, qu’ils impriment dans les habitudes qu’ils font contracter. Ces habitudes se transmettent par l’éducation ; elles deviennent des traditions qui maintiennent les nouvelles générations dans la voie ouverte par les ancêtres. […]

» Comme le dit fort bien M. de Savigny : “L’État, une fois formé, a pour éléments constitutifs les familles, non les individus.” […] Partout la famille est, aux bonnes époques de l’histoire des peuples, ce que chez nous la démocratie, pour notre malheur, a fait être l’individu : l’unité sociale. […]

» “Rien dans l’histoire, dit M. Frantz Funck-Brentano, n’a jamais infirmé cette loi générale : tant qu’une nation se gouverne d’après les principes constitutifs de la famille, elle est florissante ; du jour où elle s’écarte de ces traditions qui l’ont créée, la ruine est proche. Ce qui fonde les nations sert aussi à les maintenir.” […]

» Pour un peuple, il y a pire que la destruction de ses armées et de ses flottes, la banqueroute de ses finances et l’invasion de son territoire ; il y a l’abandon de ses traditions et la perte de son idéal. L’histoire de tous les peuples est là qui nous l’atteste. […]

» Les Français étaient heureux et prospères lorsque la famille était chez eux solidement constituée, quand l’esprit de famille animait la société entière, le gouvernement du pays, de la province et de la cité, et présidait aux rapports des classes entre elles. […]

» Aujourd’hui, la famille est à ce point dans la dépendance de l’État que le père n’a même plus la liberté d’élever ses enfants comme sa conscience et ses traditions de famille lui disent de le faire. L’État s’en empare, avec la volonté légalement proclamée de faire de ces enfants des sans-Dieu et conséquemment des sans-mœurs. Et les pères de famille ont tellement perdu le sentiment de ce qu’ils sont, qu’ils laissent faire ! […] »

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Des Récits espagnols du père Coloma pleins d’humour

Le révérend-père Luis Coloma n’est pas un jésuite comme les autres. Andalou de naissance, c’est à Bilbao qu’il a passé une bonne partie de son existence dans la Compagnie de Jésus. Et c’est dans ce pays basque que l’écrivain français René Bazin, à la fin du XIXe siècle, put avoir la joie de le rencontrer et de converser longuement avec. Il en parle dans son Terre d’Espagne, beau recueil de notes de voyage.

La préface de l’auteur à ses Récits espagnols (en langue originale : Lecturas recreativas) est un véritable petit traité de littérature catholique. Le but d’édification qu’il se donne n’empêche ni la récréation de l’esprit, ni les anecdotes particulièrement croustillantes et amusantes. Chaque nouvelle, indépendante des autres, est inspirée d’histoires vraies.

Les quelques récits que nous offrons aujourd’hui au public, parurent d’abord dans El Mensajero del Corazón de Jesús de Bilbao. L’auteur les recueillit ensuite en volume et les publia, en 1885, sous le titre de Lecturas recreativas.

Spécialement écrit pour la jeunesse, l’ouvrage a pour but de flageller les vices et les travers de la société, et de donner « à ceux qui n’ont que du dégoût pour tout ce qui, de près ou de loin, touche à la dévotion », une lecture saine, attrayante, instructive et toute « pleine des divines leçons du Cœur Sacré de Jésus ».

Écrites d’une plume alerte et vigoureuse, ces captivantes nouvelles toutes basées sur des faits historiques, furent justement remarquées : elles eurent même la bonne fortune d’être considérées, au lendemain de leur publication, comme un événement littéraire.

Un éminent critique espagnol, après avoir analysé chacun de ces récits et comparé leur auteur avec Pereda et Trueba, deux célèbres romanciers andalous, écrivait dans la Revista Popular de Madrid en 1885 : « Personne ne sait raconter avec plus de vérité que le père Luis Coloma un épisode de la vie réelle : personne mieux que lui ne sait peindre avec plus de naturel, de couleur locale, un cercle de famille, un intérieur, les gens, les traditions et les coutumes du pays. »

« Voici l’intéressant portrait que M. René Bazin a tracé du père Luis Coloma, dans la Revue des Deux Mondes de février dernier :

» “C’est un homme d’un peu plus de quarante ans, assez grand, assez fort, d’un accueil très simple. Il a le visage carré, les traits réguliers, les sourcils nets et noirs et une expression habituelle de lassitude, ou plutôt, il est de ces maladifs qui ont une physionomie à éclipses. Le jeu instinctif des muscles est devenu un effort chez eux. Mais, dès qu’il parle, les yeux s’animent Le sourire est fin, spirituel, je dirais presque involontairement mondain. On sent très bien que ce religieux a souri dans un salon.” »